Installé à Trégornanl, Jean-Daniel Bourdonnay s’est mis à l’apiculture il y a plus de 9 ans. Rencontre au pied des ruches, en tenue de cosmonautes, avec Elodie, notre stagiaire !
À même pas 44 ans, Jean Daniel a déjà été Instit en breton, commercial, chanteur de Kan ha diskan, journaliste, organisateur de festival… Le point commun de tous ces métiers ? Tenter de pouvoir rester travailler et vivre au pays ! Depuis 9 ans, il s’est réinventé en “éleveur d’insectes”, un loisir qui s’est transformé peu à peu en profession, avec la commercialisation de son « Mel Bro Fisel », aux 7 Épis notamment. « Je voulais me lancer dans l’agriculture pour me rapprocher de la nature. Mais le terrain, le matériel, c’était trop lourd comme investissement. L’apiculture c’était le compromis parfait : l’apiculteur, c’est un peu l’agriculteur sans terres, avec un animal qui change de taille, grandit et rétrécit au fil de la journée…Le matin les abeilles se déploient autour des fleurs. Le soir, elles se resserrent sur les rayons de la ruche ! »
Son nouveau métier, il l’a appris dans les livres, au fil de stages auprès de parrains prestigieux comme José Nadan et Patrick Peres, pionnier de l’apiculture bio, militant et passeur de savoirs depuis plus de 40 ans, et puis sur le terrain…
“J’ai commencé avec une ruche qu’on m’a donnée, et aujourd’hui après avoir déjà beaucoup appris, j’en ai 160”. À raison de 70 000 habitantes en moyenne par ruche, ça fait plus de 11 millions d’abeilles, qui devraient cette année lui donner 2 tonnes de miel…Mais ce n’est pas une science exacte !
“Quand j’arrive je prends un temps pour écouter ce qui se passe dans le rucher. Avec les abeilles il faut y aller en souplesse, c’est une subtilité que de comprendre leur fonctionnement et comment travailler sans trop les déranger ».
Ouvrir une ruche c’est voir de la vie : du mouvement, des abeilles, des couleurs. Pas facile pour le néophyte de comprendre ce qui s’y passe, ni de rester totalement stoïque dans le bourdonnement ambiant ! « On se fait parfois piquer, bien sûr ça arrive, mais on s’habitue » sourit Jean-Daniel. Concrètement, c’est quoi le travail de l’apiculteur ?
« On commence en août. On fait les derniers essaims, on lutte contre le varrroa. À l’automne on adapte la taille des ruches à la force de la colonie pour qu’elle soit bien au chaud, et on vérifie ses provisions. En hiver, on engage de nouveau une lutte contre le varroa. Le printemps c’est la grosse saison. On vérifie l’état sanitaire des colonies, on fait des essaims, on entretient les ruchers, on fait de l’élevage. Une première récolte a lieu mi-mai, quand il commence à y avoir un surplus de nectar. Prendre plus que ce surplus, ça serait mettre en danger les abeilles et la vie des ruches ! On peut généralement procéder à une seconde récolte mi-juillet ou début août. Après on laisse les abeilles tranquilles pour leur donner le temps de refaire des réserves pour l’hiver ! ».
Les ruches de Jean-Daniel sont réparties sur plusieurs sites du Centre Bretagne, chez des particuliers hébergeurs choisis avec soin, situés dans des zones à la fois riches en fleurs mellifères («J’essaie de faire un peu de miel de sarrasin et de bruyère mais sinon le miel est majoritairement sauvage, c’est -à -dire que les abeilles sont placées de sortes qu’elles ne puissent pas butiner de cultures ») et éloignées des épandages de pesticides, l’un des deux problèmes majeurs pour les abeilles avec le réchauffement climatique. Engagé dans la géobiologie et la biodynamie, Jean Daniel est très actif dans la lutte contre les néonicotinoïdes, « dangereux pour les insectes domestiques mais aussi, et surtout, sauvages. C’est le risque de voir des abeilles mal formées, des reines qui sont mal fécondées et remplacées en quelques semaines. Je suis dans la bio parce que je défends une agriculture plus respectueuse de mes abeilles et des terres qui m’entourent. Chacun fait ce qu’il veut tant que ça ne fait pas de mal aux autres ! ».