Article du 20 mai 2021
Le lupin jaune
Et si le lupin, longtemps réservé aux animaux, était aussi l’avenir pour l’alimentation humaine ? Pierre Avril en est persuadé !
«Le lupin est synonyme d’autonomie alimentaire, explique Pierre Avril, paysan- militant de la nourriture saine. Après la guerre, les Américains nous ont imposé la culture de plantes sans protéagineux. À nous l’élevage, à eux l’alimentation animale ! C’est comme ça que le port de Lorient se retrouve aujourd’hui à importer 850 000 tonnes de soja OGM du Brésil. Le lupin pourrait tout changer !». Longtemps persona non grata, réintroduit quasi clandestinement dans les années 60 par Philippe Debrosse, pionnier de l’agriculture bio, le lupin peut enfin effectuer son retour officiel dans les champs, dans les auges et dans les assiettes grâce au plan protéines. Pierre Avril, lui, a commencé à en produire de manière expérimentale voici 10 ans, le vendant essentiellement pour nourrir les animaux d’une vingtaine de fermes bretonnes et un peu aussi en farine pour faire du pain ou des pâtisseries. Désormais, il le propose aussi sous forme de graines dans nos rayons vrac, du « lupin jaune ». « Le lupin bleu produit plus mais il est plus fragile et sensible aux maladies et surtout il apporte beaucoup moins de protéines. Le jaune, plus rustique, plus costaud, pas gourmand en eau, pousse partout et n’a que des avantages : pour la terre qu’il régénère, enrichit, décompacte (même la paille peut être utilisée, broyée à la récolte et laissée sur place en paillage ou récupérée pour de l’isolation) ; pour l’alimentation animale ; et pour l’alimentation humaine, grâce à son incroyable teneur en protéines et à son prix ». Le seul point noir ? Savoir le cuisiner ! Et c’est là qu’intervient Nathalie Cadoret… Retrouvez toutes ses recettes en suivant ce lien !
Article du 23 avril 2020
Les lentilles bretonnes
Les premières lentilles bio bretonnes en vrac sont désormais disponibles dans tous les magasins 7 Épis ! On les doit à Pierre Avril, ‘‘paysan expérimental” et passionné.
Pierre Avril a trouvé son petit coin de paradis au nord de Vannes, avec la ferme de Tredazo. “C’est une ferme passion. Je peux me permettre de tester, parce que j’ai une autre activité à côté : je suis concepteur et fabricant de matériel, j’invente des solutions de désherbage mécanique pour lutter contre le Round-Up!”. Issu du milieu agricole, Pierre a grandi dans les hauts de Saumur, à l’ombre d’un verger de poires Williams… traité entre 20 et 25 fois par an… de quoi devenir un fervent militant bio.
Formé à la mécanisation agricole, il a pas mal bourlingué avant d’arriver en Bretagne, en 79. Et testé plein de métiers et de formations avant de développer ses propres inventions à partir de 2006 : 3 brevets en 3 ans ! Dans la foulée, il a trouvé les terres qu’il cherchait depuis des années, avec la ferme de Tredazo (26 ha). “Elle était en friche depuis 3 ans. J’ai donc pu démarrer en bio tout de suite. Et commencer les expériences !”.Premier essai : du blé noir et des pommes de terre. Puis du lupin, jaune et bleu. “Je le développe depuis 6 ans avec l’espoir de le démocratiser dans l’alimentation animale et humaine pour lutter contre le soja OGM. Le lupin jaune contient plus de protéines que le soja, il pousse sur les terres acides et pauvres, on peut en faire des farines pour gâteaux comme de la charcuterie végétarienne… que demander de mieux ! »
Lentilles locales
« Cette année, un jeune technicien qui me savait “expérimentateur”, m’a proposé de tester les lentilles. Et ça a fonctionné ! En partie grâce aux records de chaleur. Pour l’instant on doit être trois à avoir essayé en Bretagne, avec plus ou moins de succès. La lentille est encore un peu cher à la vente, à cause du coût du tri notamment : il faut aller jusqu’à Châteaubriand, il n’y a rien de plus près. J’aimerais que ça donne envie à d’autres de s’y mettre pour qu’on puisse monter, en local, une structure de séchage-triage et valoriser nos produits. Dans un contexte de réchauffement climatique, où il va falloir diminuer à la fois notre consommation de protéines animales et notre consommation énergétique, les lentilles locales mais aussi les pois, les fèves et le blé noir décortiqué (nutritifs, riches en vitamines, en sels minéraux et en protéines), apparaissent comme des alternatives particulièrement intéressantes ».